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La justice française refuse l'extradition du Kosovar Haradinaj vers la Serbie

Ramush Haradinaj (au centre) avait été interpellé le 4 janvier par la police française à son arrivée sur le territoire français, via l'aéroport franco-suisse de Bâle-Mulhouse. Il s'est dit victime de "persécution politique" (archives). © KEYSTONE/AP/JEAN-FRANCOIS BADIAS
Ramush Haradinaj (au centre) avait été interpellé le 4 janvier par la police française à son arrivée sur le territoire français, via l'aéroport franco-suisse de Bâle-Mulhouse. Il s'est dit victime de "persécution politique" (archives). © KEYSTONE/AP/JEAN-FRANCOIS BADIAS


Publié le 27.04.2017


La justice française a rejeté jeudi l'extradition vers la Serbie de l'ancien rebelle kosovar Ramush Haradinaj. Belgrade l'accuse de crimes de guerre commis en juin 1999.

Le contrôle judiciaire de M. Haradinaj a été levé et il est libre de regagner son pays, a précisé le procureur général près de la Cour d'appel de Colmar dans un communiqué. Le parquet général dispose d'un délai de cinq jours pour former un pourvoi en cassation, mais le pourvoi n'est pas suspensif.

Les juges ont justifié leur décision par "l'exceptionnelle gravité" qu'aurait cette extradition pour l'ancien chef de guerre, aujourd'hui président de l'Alliance pour l'avenir du Kosovo, un parti d'opposition, et pour le Kosovo lui-même.

M. Haradinaj, 48 ans, avait été interpellé le 4 janvier par la police française à son arrivée sur le territoire français, via l'aéroport franco-suisse de Bâle-Mulhouse, en exécution d'un mandat d'arrêt international émis par la Serbie en 2004.

Le parquet de Colmar avait préconisé le 6 avril l'extradition de cet ancien haut responsable de l'Armée de libération du Kosovo (UCK). Ce dernier est soupçonné par la Serbie d'avoir ordonné et lui-même commis, à la fin de la guerre du Kosovo en juin 1999, des actes de torture et de barbarie sur des civils serbes, albanais et roms.

Réfugié en Suisse

M. Haradinaj a été acquitté en 2008 et 2012 par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), qui le jugeait pour des crimes de guerre remontant à 1998. Les faits dont il est accusé dans cette procédure examinée en France remontent en revanche à 1999 et sont donc distincts, selon Belgrade.

Dans son arrêt, la chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Colmar rejette tous les obstacles juridiques soulevés par la défense de l'ancien Premier ministre, en 2004-2005, de l'ancienne province serbe devenue indépendante. Elle relève notamment que les deux acquittements dont il a bénéficié devant le TPIY ne portaient pas sur les mêmes faits.

Au début des années 1990, l'ancien chef rebelle s'était réfugié en Suisse. Il a alors gagné sa vie comme ouvrier du bâtiment, videur dans des boîtes de nuit ou maître de sport à Leysin (VD). Il a quitté la Suisse en 1997 et regagné le Kosovo, où il a organisé un groupe conçu pour attaquer la police serbe déployée dans la province.

ats, afp, reu

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