Le mot de la fin

J’ai failli entamer une carrière de mannequin. Si, c’est vrai. Enfin, presque vrai. A l’époque, j’éclatais de jeunesse, mais il me manquait la carrure, la musculature et une certaine régularité des traits du visage. J’ai posé avec mon ami Alain qui avait les mêmes problèmes de carrure, de musculature et de régularité. Autant le dire, nous n’avions pas le physique de l’emploi.

Lorsque Tristan nous a proposé une journée de prises de vues, comme ça, comme si l’idée lui était venue sur l’instant, nous avons été décontenancés. Tristan était féru de photographie et s’était fait une petite réputation au gré de quelques expositions. Les responsables d’un catalogue de mode l’avaient contacté pour dépoussiérer leurs pages, mettre un peu de sang neuf... «Ils pensent que je suis capable de leur apporter une touche jeune, décalée, et vous admettrez que vous n’avez pas franchement la dégaine des modèles classiques.» «T’es sûr de ton coup?» «Ils veulent quelque chose de diff